On ne s’était encore même pas présentés, que le labo commençait, par un exercice de procrastination en groupe. Parler de tout et de rien, faire durer le moment d’avant l’évènement, le moment d’avant celui où c’est censé commencer. Sauf qu’évidemment (en vrai ?), ça a peut-être déjà commencé.
Converser pour procrastiner donc, puis demander à une personne de retracer le fil.
« On a parlé de lardons et de cigarettes » .
« On s’est un peu demandé ce qu’on faisait là. »
« C’était bizarre, un peu comme un docu animalier. Ce moment où chacun cherche son groupe. »
Il y a eu :
– Mais au fait, c’est quoi le thème ?
– C’est : vraiment faux, faussement vrai, et quelque chose qui suit.
« Je me rappelle aussi de cette phrase : vous avez écouté les nouvelles ? »
« Pour moi, c’est sacré le dimanche. »
« J’ai vu un film qui s’appelle la conquête des 13 lapins. Ça parle d’un truc vrai. »
Et :
– Procrastiner, c’est faire de la place pour du rien ?
– Procrastiner, c’est repousser quelque chose de concret, alors que le rien c’est le rien.
– Mais dans la vie, est-ce qu’on pratique la procrastination ou le rien ?
– Des fois on est dans le rien, mais on a 10 000 choses dans la tête, du coup on n’est pas dans le rien.
« Nous on a soulevé la question du théâtre documentaire… Non, c’est pas vrai. »
Une réalité transférée à travers le filtre d’une personne. Il y a celles qui essaient de se remémorer précisément les liens entre un sujet et l’autre, celles qui rapportent une successions de phrases entendues, celles qui confessent l’oubli.
Et là, une voix dans la salle :
« Je commence à me raconter un truc, moi ».