Première matinée, prise de contact autour d’un café. Chacun expose son rapport à la recherche, ses initiatives. Puis nous cherchons à recenser « ce qui coince ».

Ce dont on manque c’est :

de prendre du temps, de réflexion, de recul, pour expérimenter des choses hors du temps projeté (« projet ») de la création, revenir à des moments au présent sans obligation de résultat, sans évaluation performative.

de prendre en compte les temps de recherche qui sont décorrélés des créations (même si ils inséminent les créations à venir) : leur faire de la place, les financer.

Pour Bastien Mignot :

S’extraire de la logique du « positivisme », qui consiste à parler positivement de ce que nous faisons, cela s’apparente trop souvent à du marketing, à rentabiliser : laisser la place aux échecs.

La recherche permet de lutter contre le temps fragmenté de la création. Les artistes sont amenés à sauter d’un temps de résidence à l’autre au grès des partenariats et des financements qu’ils trouvent, ils y perdent en continuité, en porosité.
Se donner un espace-temps dédié à l’arpentage de ses propres obsessions de recherche.

 

Pour Elise Asporg :

Dans la recherche académique les problématiques sont assez proches : On parle également de résultats attendus, d’impact etc.. Or qu’est-ce que faire recherche si on a déjà une idée précise des résultats attendus ?

Il y a également un sentiment de grande solitude.

Les endroits où l’on peut prendre le chercheur comme sujet de sa recherche sont rares, où l’on peut travailler aux impensés du métier de chercheur, observer comment s’élabore le savoir, observer l’implication du chercheur dans sa recherche et déjouer les mythes de l’objectivité.
De l’importance également de « changer de lieu » pour mener une recherche : le déplacement physique soutien et stimule les déplacements intellectuels que l’on souhaitent mettre en place dans une recherche active.

 

Il y a de grandes différences dans la validation du travail entre artistes et scientifiques.
Sur la question des traces : seules les publications valident le travail, les autres traces possibles (podcast par ex) ne sont pas comptabilisées par l’institution.

 

Le CIFRE (convention industrielle de formation par la recherche ) est un mode de financement possible de la recherche en partenariat avec des entreprises privées. Cela concerne la recherche appliquée.

En Art comme en Science il ne faudrait pas séparer la recherche appliquée et la recherche fondamentale mais défendre l’écosystème dans sa globalité, un paysage comprenant ces deux choses. Ce pourrait être une façon de penser aussi leur financement, de manière globale.

 

Marion Guyez :

Le statut d’auteur est valorisé de façon différente selon qu’on est un auteur scientifique ou artistique. Marion ayant les deux statuts mesure bien cette différence avec comme pivot la question problèmatique de la recherche. La recherche implique que l’auteur travaille. Mais si « travailler » est majoritairement une valeur positive chez un scientifique, cela implique pour l’artiste qu’il sort du champs du génie, de l’inspiration brute, du talent inné. Ce champs lexical étant encore très majoritaire dans le champs de l’art.
« La recherche c’est d’une certaine manière l’entrainement de l’auteur-créateur»