JOUR 1

Nous démarrons le labo par une pratique collective pour se rencontrer, sans autre présentation.

PRATIQUE COLLECTIVE DE LECTURE

Jérémy tient cette pratique de Sandra Wieser qui l’a mis en place au sein de la Compagnie Strates à Grenoble, elle l’appelle « une pratique curieuse ». Pratique elle-même inspirée d’une proposition de Emma Bigé et Asaf Bachrach (qui eux-mêmes peut-être la tienne de quelqu’un d’autre).

Déroulement en quatre temps :

I- Écoute d’un texte de Charles Stepanoff extrait de «Voyager dans l’invisible – techniques chamaniques de l’imagination» enregistré par Jérémy Damian

Choisir une posture confortable, ne pas engager de mouvement

20 min

// 1 min de « silence » : ambiance sonore

II- Écoute en réveillant le corps. Échauffer le corps. Se laisser mettre en mouvement. Qu’est-ce qu’écouter en mouvement ?

20 min

// 1 min de « silence » : ambiance sonore

III- Écoute en s’ouvrant à l’espace et aux autres. Échauffer son rapport aux autres. Espace de composition minimal.

20 min

// 1 min de « silence » : ambiance sonore

IV- Sans le texte mais avec un « silence » / ambiance sonore

20 min d’« écoute » de la résonance du texte.

Explorer/ poursuivre avec soi et les autres

Qu’est-ce qu’écouter en moi ?

Se laisser bouger

TEMPS D’ÉCHANGE :

Quelle a été votre expérience de cette écoute collective ?

Julia : J’ai rencontré le texte par le corps. J’en retiens des motifs inspirants.

Alix : J’ai été attentive aux variations d’attention d’une écoute à l’autre.

Il y avait des échos, des coïncidences, entre mon expérience du mouvement en cours et le texte.

Céline : La première écoute était une introspection, dans la deuxième j’accompagnais l’écoute avec mon corps, sur les écoutes suivantes j’ai décroché du texte.

Tatyana : Dans la première écoute c’était surprenant ; sensation de corps dissous, de lâcher prise.

Ensuite le rythme du texte influait à l’intérieur.

Léo : j’ai été attentif à l’état de concentration et aux thématiques.

Hélène : Ça m’a fait penser à un exercice de clown dans lequel on se met en disponibilité pour agir par élans, sans intentionnalité, repousser ce qui est conscient.

Benoît : la lecture et l’écoute sont deux processus bien distinct d’accès à un texte. Étonnamment c’était très contraignant de ne pas bouger sur la première écoute. Entendu les tissages entre écoute et mouvement

Marine : la relation aux autres n’était pas évidente. Le rythme du texte faisait office de relation indirecte avec les autres.

Elise : Être attentif à ce que fait le corps quand on lit, comment il réagit ? Émergence d’un corps commun.

Jérémy : Prise de conscience que les pratiques de la lecture et de l’écriture se font avec mon corps. Il y a un toucher intérieur.

Vidal : Entrée progressive dans l’écoute, l’attention. Pour moi expérience d’étrangeté : cet espace (ce théâtre) que je connais par coeur est toujours modifié par ceux qui l’habitent, ça change ma manière de l’explorer. Et le lieu induit aussi des manières d’agir, j’ai reconnu des gestes/ évènements qui ont déjà eu lieu ici (comme le saut par la fenêtre).

Alix : La durée de la lecture (20min) s’est progressivement inscrite. La lecture comme activité collective et la répétition sont des expériences inhabituelles.

– en tous cas pour des textes théoriques, parce que c’est une expérience commune (aux deux sens du terme) au théâtre.

Je me suis sentie poreuse, je me suis laissée happer par les motifs.

RETOURS SUITE

Quelles sont les questions, les points d’intérêts que vous avez retenus du texte ?

Jérémy : L’intention était très littérale en faisant écouter ce texte : parler de chamanisme avec un prisme très occidental (c’est ce qui fait la force et la faiblesse de ce texte) et le relier à une activité très quotidienne.

Céline : Ce qui a attiré mon attention c’est le rapport à l’espace, au concret. Le théâtre est le lieu de cet imagination collective, dont il parle, c’est un lieu habité par ça.

Un lieu qui est au coeur de l’invisible.

Benoît : J’ai entendu un texte mouvement, et non un texte démonstration. Avec cette pratique de l’écoute on entre dans ce mouvement du texte.

Il y a une sensualité de l’expérience intellectuelle qu’on entend dans le texte. Ce rapport au concret, à l’action, à l’efficience c’est aussi pour moi l’essence même du théâtre.

Ce que j’en retiendrais c’est « imaginer c’est prospecter pour agir »

Vidal : et inversement… Notre expérience d’artiste peut se dire : « agir c’est prospecter pour imaginer »…

Léo : En écoutant les retours, je me dis qu’on pourrait collectivement se re-donner le texte, alors que seul ça paraît insaisissable. C’est aussi ça l’expérience qu’on a traversé, on est chacun dépositaire d’une parcelle de notre exparience collective, de l’écoute de ce texte.

Dans la quatrième écoute du texte j’ai eu la sensation d’être attachée à des bribes du texte, de les activer un peu malgré moi. Et vous ?

Oui, sur des mots simples que j’ai mis en jeu, en m’en rendant compte après … comme les mots « voyage » ou « chasse ».

Les mouvements (que je faisais) me ramenaient au texte.

J’ai eu la sensation que dans cette dernière écoute on écrivait la suite du texte ensemble.

Jérémy : D’une certaine manière on peut lire le saut de Léo par la fenêtre comme une écoute, un écho, des activités passées du plateau, des traces laissées ici.