La journée démarre par une discussion sur ce qu’on a envie d’expérimenter, de reprendre…

PROTOCOLE 1 : DANSER ENSEMBLES / SÉPARÉS

2 écrans en fond de scène, public frontal

Maxime dehors filmé par Mathilde, images diffusées sur les 2 écrans en miroir.

Marion joue du violon dans le studio, elle guide les autres par la musique.

Arianna danse dans le studio en relation avec l’image de Maxime sur l’écran et la musique live de Marion

3 temps :

a- Marion voit les danseurs

b- elle ne les voit plus

c- elle met le casque de VR et c’est Rachel qui la guide dans son « voyage virtuel » avec les manettes.

Il y a parfois des bugs avec l’image : elle se fige, parfois seulement sur l’un des écrans, puis reprend, est saccadée, s’accélère.

> ça crée des mouvements et des décalages impossibles sans la vidéo.

L’ombre d’Arianna se projette sur l’écran.

> ça dédouble son corps, ça crée une image « virtuelle » supplémentaire, ça interroge la nature de l’image vidéo.

Sur l’écran Maxime est parfois filmé en gros plan, la mauvaise connexion crée des flous.

On voit aussi apparaître les corps des passants dans l’espace public, d’autres rapports au mouvement, au corps, c’est l’intrusion du hasard.

RETOURS :

De l’intérieur :

Maxime : J’étais en interaction avec la musique et je savais que je dansais avec Arianna mais sans maitriser la relation, sans pouvoir contrôler.

Marion : J’avais la sensation, quand j’avais le casque VR, que ce n’était plus moi qui jouait, j’entendais le son comme venant d’ailleurs.

Arianna : L’espace était très occupé, c’était difficile de faire le lien entre tous les éléments.

De l’extérieur :

Il y avait sur-production d’images.

Il faudrait clarifier les protocoles d’expérimentation, c’est très touffu, on ne sait plus ce qu’on regarde, ce qui est tenté, il y a trop de paramètres.

Ce qui m’a intéressé c’est l’adresse camera en gras plan : ça crée une autre dimension qu’on ne pourrait pas avoir sans l’écran.

Ça m’évoque Vito Acconci, qui a fait un travail à un moment où il parlait à la camera, aux objets.

 

AMÉLIORATION / CONCLUSIONS :

À retenir : le rapport d’échelle entre écran et corps en présence, ça crée un rapport d’intimité différent entre la présence charnelle et l’intimité qu’offre le gros plan.

On pourrait travailler à faire diminuer l’écart entre les 2 présences pour tendre à une co-présence de nature différente. Par exemple si le danseur à l’extérieur avait des indications sur les mouvements du danseur dans le studio.

Ce serait intéressant de travailler avec l’élément écran comme les danseurs travaille habituellement avec la musique, un support/ inspiration/ guide des mouvements.

Comment les danseurs pourraient réagir corporellement à l’écran ?

 

PROTOCOLE 2 : RÉALITÉ À FACETTES

Rachel veut créer une image kaleïdoscopique en multipliant les points de vue sur un seul mouvement. Elle propose un mouvement au tissu (agrés) elle a une caméra portée, d’autres la filment depuis d’autres points de vue.

Tous sont connectés à zoom.

Les images (mosaïque d’écrans) sont retransmises au public sur un écran dans une autre salle.

 

RETOURS :

> les points de vue au sol étaient trop similaires, on n’avait pas accès à des angles différents.

> ça aurait été intéressant d’avoir des points de vue différent sur la mise en œuvre du protocole (avant, après, pendant, en coulisse etc)

> le plus intéressant c’était d’être dans le studio avec Rachel et de filmer : nécessité de penser les protocoles avec plus de précision, pour cerner l’expérience à faire. Le « public » était face à une image filmée, cette règle du jeu ne nous permettait pas de faire le lien avec l’événement, avec la simultanéité, ça aurait pu être une image enregistrée.

> Nécessité de penser dans le protocole et avec précision le début et la fin de l’expérience, borner le moment, penser la place du « public », du témoin.

 

 

PROTOCOLE 3 : SE REGARDER SANS SE REGARDER

Amélie veut explorer la communication non verbale à travers les écrans.

1/ Deux personnes se regardent mutuellement via leurs écrans, assises face à face chacune devant son ordinateur.

Durée : 5 min

Les images de leur visage (tel que le voit l’autre participant sur son écran) sont projetées sur deux écrans qui forment un paravent dans leur dos. Le public déambule autour (selon comment il se place le spectateur peut donc voir le visage de la personne 1 sur l’écran et le visage de la personne 2 en live).

Il faut calculer l’angle de la camera de telle façon que lorsque la personne 1 regarde les yeux de la personne 2 sur l’écran, que son regard soit perçu par la personne 2 comme la regardant dans les yeux. Si elles regardent la camera elles ne se voient pas, il faut donc qu’elles regardent leur écran pour qu’une relation s’instaure.

L’expérience est tentée par 3 duos différents.

P1080728

VARIATION : Les images des 2 visages sont projetées côte à côte.

P1080729

RETOURS :

En tant que public on se retrouve pris dans une relation qui ne nous est pas adressée, sur la projection sur grand écran le regard de la personne semble nous regarder, nous être adressé.

On observe que le public qui regarde l’écran réagit au visage par mimétisme, il s’introduit dans cette relation.

Par ailleurs les attitudes corporelles des deux personnes en relation via leurs visages médiés synchronisent leurs postures corporelles (alors même qu’elles n’y ont pas accès visuellement).

Dans la variante (projection des 2 visages sur un seul écran) on perd de la relation aux performeurs (on s’intéresse d’avantage à l’écran) mais la relation qui s’instaure entre les deux personnes est davantage perceptible : on suit l’aller/retour d’expression, le dialogue auquel on assiste.

On se sent moins « pris » dans la relation que lorsqu’il n’y a qu’un seul visage.

Screenshot_20190517-150352

VARIATIONS :

On refait l’expérience avec 2 duos simultanés, l’image projetée comporte alors 4 cases côte à côte.

la relation est plus complexe, on y voit des contaminations, des coïncidences, des contrastes mais cette impression d’intimité de relation adressée/pas adressée disparaît : 4 visages c’est trop d’éléments à appréhender.

Comment trouver une expérimentation qui permette de matérialiser ce qui fait écran sans écran concret ?

On refait l’expérience en duo mais sans écran : 2 par 2 à distance de bras tendus on se regarde dans les yeux. Il n’y a pas de public.

> le visage de l’autre, ses yeux sont des écrans, surfaces sensibles agissantes/réagissantes et surfaces interrogeant une hypothétique « profondeur » : qu’y a t’il au delà du visage ? quelle relation ? quelle communication ?

 

 

Christine Develotte nous présente son travail au sein de l’ENS de Lyon.

https://sites.google.com/site/christinedevelotte/home

PDF : Intervention Christine Develotte – résumé recherches présences numériques