POURSUIVRE LES EXPÉRIMENTATIONS / REVISITER LES PROTOCOLES:
30min de préparation pour les expérimentations du jour.
EXPÉRIENCE 1 : suite de l’expérimentation du Groupe 2 jour 3 sur Explorer le souvenir
Marine, Elise, Amélie, Alice + Pierre-Marie
Question : écrans de projections du souvenir / enquête à partager / points de vues multiples sur un même souvenir
Dispositif :
1 écran : avec les images de l’écran d’ordinateur – Amélie fait des recherches en live sur google en écoute de se qui se dit au plateau
1 ordi
2 micros
Public frontal
Alice et Elise au centre du plateau assises de profil avec le micro. Alice interroge Elise sur son souvenir en la faisant préciser ses sensation au moment du souvenir (sensations corporelles, positions corporelles etc), elle utilise des techniques inspirées des « entretiens d’explicitation ».
Marine, à cours, explore corporellement ces indications.
Amélie fait des recherches dans google en fonction de ce qu’Elise et Alice disent et du texte lu par Pierre-Marie.
Pierre-Marie lit un texte de témoignage de descendant de déporté à Rawa Ruska : http://philippe.jacquet67.free.fr/Pages/Prisonnier_et_deportation.html
RETOURS :
Il y a une concomitance des différentes scènes du souvenir (les archives, les faits, l’intime, le corps etc…) : ça donne à voir toutes les scènes côte à côte, au spectateur de trouver les chemins, les échos.
Ça donne envie de voir la modification des récits en temps réel, par réactualisation successives : ce qu’il se passe au fur et à mesure de l’enquête, de la superposition des couches de mémoires, de ces scènes différentes du souvenir.
La dimension géographique de la première version était pertinente, d’une certaine façon « ça manque ». Ça amenait une continuité, de l’espace.
EXPERIENCE 2 : issue de l’expérience d’Arianna jour 4, danser à distance
3min
Marion au violon dans le studio (cachée)
1 écran face public
Mathilde filme Rachel (dans le studio)
Arianna dehors écoute Marion dans un casque et voit l’image de Rachel sur un ordi
Agathe filme Arianna (image retransmise sur l’écran dans le studio)
Arianna et Rachel dansent ensemble sur la musique de Marion
Les paramètres de la présence sont reproduits virtuellement mais les interprètes ne sont pas en présence réelle.
RETOURS :
Pour moi ce qui est le plus intéressant c’est le bug qui fige l’image, l’accélère, la floute : toutes choses qui modifient le mouvement/arrêt que le corps ne peut pas produire seul.
VARIATION :
Marion au violon dans le couloir avec un écran lui donnant l’image des danseurs (images projetées sur l’écran)
Ecran face public dans le studio
Arianna filmée par Mathilde dans le couloir étage 1
Maxime filmé par Rachel dans le couloir étage 2 (espace identique à l’étage 1)
Les deux danseurs sont isolés l’un de l’autre mais en contact auditif avec la musique et avec le bruit des mouvements de l’autre danseur.
Marion voit les danseurs sur l’écran et varie sa musique en fonction des mouvements des danseurs. Certaines impulsions musicales sont des codes pour ceux qui filment pour faire varier leur cadrage (zoom, travelling etc)
> https://youtu.be/0godJAvJLaQ
RETOURS :
Pour moi il me manque une définition du rapport au public. Quel est le scénario pour le public ? Pourquoi le public est-il face à un écran sans être en présence des interprètes : cette « fiction » manque.
C’était super que les 2 espaces dans lesquels les danseurs étaient soient similaires. C’était troublant et très graphique.
C’était intéressant que le cadrage soit parcellaire (corps segmenté).
Marion : c’était très agréable de pouvoir impulser, diriger les images en donnant des indications musicales aux « filmeurs ».
EXPERIENCE 4 : interagir dans une relation via écrans
Agathe, Melissa, Alice
Mélissa derrière deux écrans à angle droit, se filme avec une web-cam et répond à une conversation what’s app ouverte avec le public.
1 écran diffuse l’image de l’écran de la conversation what’s app
1 écran diffuse l’image de Mélissa filmée en direct avec une web cam
Le public déambule et se connecte à la conversation what’s app : quelles interactions avec Mélissa ?
>> Mélissa s’intéresse aux cam girl et aux cam girl « non nude » : Quel type de relation entretiennent elles avec leur « abonnés »? Quel espace occupent elles ? Quelles sont les ressorts de ces relations ?
RETOURS :
Mélissa : « merci pour cette expérience de traumatisme joyeux. »
C’était très oppressant de recevoir tous ces messages, à la fois d’être débordée (je n’arrivais plus à lire tellement ça allait vite) et en même temps de devoir rester attentive, de donner de l’attention à chacun et de garder une attitude « détendue » et séduisante. Je m’étais dit que j’étais comme une cam girl, qu’il fallait que j’arrive à vous attirer dans un jeu pour que vous me fassiez des cadeaux en ligne, mais vous n’aviez pas cette règle, cette fiction. Au final c’est tout de même vers ça que l’impro est allée avec une dimension « drague ».
Comme je n’étais pas vraiment isolée de vous j’entendais le bruit de vos circulations, vos commentaires.
> il faudrait essayer avec une plus grand séparation, dans une pièce isolée.
Retours du « public » :
C’était une impro collective.
J’ai remarqué que je suis allé vers une surenchère des moyens employés pour communiquer. Il fallait se différencier pour avoir un rôle de premier plan dans cette relation que tu nous proposais. Au début la conversation s’établit à l’écrit mais très rapidement j’ai envoyé des images, du son, des vidéos. Et il y avait une frénésie, une concurrence avec les autres « connectés ».
Quand tu es partie à la fin, que tu as quitté l’écran : le jeu s’arrête et c’est violent cette brusque rupture.
Paradoxalement c’est quand tu es revenue dans le « monde réel », avec nous, que le jeu s’arrête. Il y a une déception à la fin : le personnage que tu as crée n’existe pas au delà du virtuel, d’autant que c’est une sorte de personnage créé par la réaction aux stimuli des participants à la conversation, c’est une interaction.
La déception à la fin vient aussi du fait que le spectateur (participatif) perd son rôle quand le jeu s’arrête.
Est-ce que ce serait possible de changer le sujet (ici tout tournait autour de la séduction)? Est-ce qu’on pourrait mener ce type de conversation participative, d’interaction avec une personne, en abordant d’autres sujets ?
Qu’est-ce que ça montrerait ? Si on voulait parler d’écologie par exemple ?
EXPÉRIENCE 5 : issue du « distant mouvement » jour 2
Explorer à nouveau le guidage par une personne et la création d’une mosaïque.
Annie aimerait que ce soit l’occasion d’explorer la co-responsabilité de l’image produite collectivement.
Marine guide à la voix, elle est seule dans le studio face à l’ordi connecté à zoom.
Tous les autres sont dans d’autres espaces, ils se connectent à la réunion zoom, ils se filment et écoutent les instructions au casque, leurs micros sont branchés.
Environ 25min
La connexion est très mauvaise.
Les participants n’entendent pas bien les instructions, certains écrans se figent, d’autres sont déconnectés.
> Dans ce type d’expérience il faut toujours vérifier très précisément les paramètres techniques (y compris quand on les a testé à un autre moment, le réseau étant instable).
PROJECTION DE L’ENREGISTREMENT ET RETOURS :
Les problèmes techniques ont entravé l’expérience mais ils ont aussi créé des opportunités.
Certains se sont rejoins pour se filmer en groupe avec les appareils encore connectés.
> à l’écran ça permet de faire exister une profondeur de champ
On a l’impression que chaque écran de la mosaïque est une pièce dans une maison de poupée, dans une coupe d’immeuble. On ne voit plus des écrans côte à côte on crée un espace qui englobe le tout.
Les gens circulent d’une case à l’autre.
Ce qui marche le mieux ce sont les tous petits décalages (dans les bugs par exemple) : ça crée un espace de narration, une 3ème dimension.
C’est aussi ces moments qui font « effets de réel » : ils nous disent la défaillance de la machine, le direct etc…
Discussion sur les effets de réels au théâtre : dans le dispositif particulier du théâtre où le spectateur passe un contrat de croyance avec ce qui lui est présenté, le réel fait très souvent « moins réel » que la fiction mise en scène. Le théâtre est aussi, de ce fait, un espace privilégié pour parler du rapport au vrai, au faux, à la fiction, au réel…
– Exemple de l’accident réel sur le plateau en représentation et auquel personne ne « croit » ni sur scène ni dans la salle.
– Exemple de l’emploi des faux ratés dans le cirque traditionnel : la défaillance, l’erreur (même simulée) met en valeur la prouesse. Ce qui est le plus difficile à réaliser n’est pas toujours perçu comme tel.
– Exemple du jeu sur le faux simultané sur scène (projeter une scène préenregistrée en prétendant qu’elle est filmée en direct par ex) et sur sa dénonciation (on montre une faille qui permet on spectateur de découvrir le subterfuge) : jouissance de cette complicité, de cette mise en abîme.
VARIATIONS POSSIBLES :
En échangeant les caméras (les téléphones) on pourrait faire changer le décors des cases, ce ne serait plus les personnes qui voyageraient dans l’espace (de case en case) mais l’espace qui bougerait (le décor des cases varierait). Pour cela il faudrait que la mosaïque soit fixe.
> Discussion sur les possibilités techniques de zoom.us : peut-on diffuser des images pré-enregistrées, du son, des images fixes etc… ?
Avec des applications grand public on doit adapter les protocoles d’expérience aux possibilités techniques contrairement à la création d’une interface spécifique pour une performance par un programmateur. Avec une application déjà créée on peut aussi jouer sur les failles (utiliser la fixité de l’écran après déconnexion pour changer de source ou pour changer de lieu etc… créer des effets « magiques », des substitution…)
On pourrait coupler ce protocole avec l’idée de débuter par un guidage à la voix en se donnant des codes, des points de rendez-vous. Puis reprendre avec le souvenir de se qui s’est produit mais avec la musique comme guide.